Le modèle de la vie en société et de l' argumentation de la nature et de la contrainte
Trois axes principaux dirigent la vie en société, entendu comme la configuration sociale la plus répandue :
La société naturelle entend dire qu'il est dans la nature même de l'homme de vivre en sociétés ; ce sont ces dispositions que provoque l'institution de l'Etat et de ses lois.
L'Etat souverain qui contredit à la lettre la société naturelle en affirmant que les hommes ne peuvent se constituer en société que sous la contrainte d'une personne qui les gouverne.
L'antagonisme même de la nature et de la contrainte qu'il est possible pour la société de se réaliser.
1 - La société naturelle
Pour Aristote (384 av.-J.-C - 322 av.-J.-C), il est certain, pour reprendre sa propre formulation, que l'homme est un animal politique. Dès lors, dans ce point de vue, la société s'assimile d'emblée à un Etat, ce qu'Aristote désigne sous le terme de Cité.
Aristote emboîte ainsi le pas à un autre philosophe de l'Antiquité, en la personne de Platon.
Chez Platon, il y a le besoin pour l'homme de se constituer en société s'il incite à dépasser le monde sensible et trouble des émotions pour rejoindre celui des Idées, c'est-à-dire celui de la quiétude de l'âme et des vérités immuables et universelles.
L'éducation apparaît à ce titre comme le fondement même de la société, qui au principe de la réalisation de l'être. C'est pourquoi, dans la Cité Idéale, autre concept fort de la philosophie de la société chez Platon, le rôle le plus éminent doit être le rôle au philosophe et à son amour de la sagesse.
Citation : « C'est pourquoi toute cité est un fait de nature, s'il est vrai que les premières communautés le sont elles-mêmes. Car la cité est la fin de celles-ci, et la nature d'une chose est sa fin, puisque ce qu'est chaque chose une fois qu'elle a atteint son complet développement, nous disons que c'est là la nature de la chose, aussi bien pour un homme, un cheval, ou une famille. En outre, la cause finale, la fin d'une chose, est son bien le meilleur, et la pleine suffisance est à la fois une fin et une excellent. Ces considérations montrent donc que la cité est au nombre des réalités qui existent naturellement et que l'homme est par nature un animal politique ». Aristote, La politique.
2 - La société et l'état
Pour reprendre la pensée de Thomas Hobbes (1588-1679), l'homme est un loup pour l'homme.
Il faut alors que la société prenne les traits d'un Etat souverain par lequel seront tempérés les instincts naturellement mauvais des individus.
Chaque membre de la société veut pouvoir compter sur un tiers souverain qui assure ses intérêts et le protège des mauvaises actions d'autrui.
Ce besoin de préservation de son entité et de ses biens explique le fait que l'individu soit prêt à céder un pan de sa liberté.
Les propositions de Hobbes trouvent une alternative dans celles de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).
Partant de considérations selon lesquelles l'homme serait naturellement bon, Rousseau convient lui aussi du besoin de la constitution de la société en Etat. Celui-ci, du fait même de la bonté de l'être, ne se dresse pas en contrainte mais en garant des libertés d'agir de chacun.
Par ailleurs, Rousseau se défend de toute naïveté quant à la nature réelle de l'homme. Il estime que l'atteinte à autrui est effectivement l'un des potentiels désirs de l'être lorsque ses besoins ne lui semblent plus satisfait, mais que l'on aurait tort d'y voir là l'essence même de l'être.
Si une telle méprise a cours dans la restitution de l'histoire de l'homme, c'est tout simplement parce que l'histoire ne retient que les événements qui la troublent. Les révolutions, les catastrophes et les guerres font plus grand bruit que la passibilité entretenue d'une société d'hommes libres.
3 - La figure d'accompagnement de la vie en société
C'est à travers la figure privilégiée d'Emmanuel Kant (1724-1804) que sera abordée la dialectique de la nature et de la contrainte.
Kant forge à cet effet la notion d' insociable sociabilité. Que l'homme ne soit pas nécessairement et naturellement porté à la sociabilité ne change de fait rien à son statut d'être sociabilisé. C'est la société qui vient à l'homme que ce dernier le désire ou pas.
La notion instruite par Kant va même plus loin en attribuant tous les sentiments et les pulsions qui conduisent l'homme à considérer autrui comme un obstacle à sa liberté d'être et d'agir.
Mais c'est précisément dit-il par cette contrainte que constitue autrui que nous sommes poussés à nous dépasser, et de fait à nous réaliser. C'est de la rivalité entre individus que naissent les progrès qui construit une société. C'est à partir de la nature insociable de l'être qu'opère sa sociabilité.
Vocabulaire :
Contrainte:
1.obliger,2.avoir ceci en contrainte de donné cela.
Sociable :
capable de vivre en société et d'avoir des relations humaines.
Antagonisme : rivalité, opposé.
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