dimanche 17 janvier 2016

ROMAN "AMY WILLIAMS, L’ACADÉMIE" : EPISODE 3 (2ème partie)

Steve partit d'un pas énergique vers une grande porte en verre épais. En lui emboîtant le pas, j'eus le temps de constater que d'autres élèves arrivaient de plusieurs voitures semblables à la mienne. Certaines voitures comportaient plusieurs élèves à la fois, d'autres, comme la mienne, se contentait d'en prendre qu'un seul.
            Les deux lourdes portes de ce qui semblait être du verre étaient ouvertes. Le hall faisait au moins la taille de trois terrains de tennis, sans compter la sorte de mini-cafétéria située juste à côté. Une estrade en bois avait été installée pour l'occasion, ainsi qu'une bonne cinquantaine de banc juste en face pour permettre aux élèves de s'asseoir. Certains élèves avaient l'air de se connaître et rigolaient ensemble, d'autres étaient un peu délaissés, comme moi. Steve était parti « faire un tour », selon lui mais j'avais bien compris qu'il ne reviendrait pas.
            Après m'être installée à la deuxième rangée de bancs, je remarquai une femme âgée vêtue d'une longue cape verte en velours et d'une paire de bottines en cuir de couleur noire. Une autre femme, plutôt jeune la suivait, vêtue de la même manière excepté la couleur de sa cape qui avait une teinte jaune moutarde. En voyant la suite des personnes, toutes vêtues d'une cape de couleur différente, je compris qu'il s'agissait de nos professeurs. Les professeurs apparurent dans la salle et s'alignèrent sur l'estrade en arc de cercle. Après quelques minutes, un homme tellement âgé que l'on aurait cru qu'il portait un masque fit son apparition, cette fois-ci différente des autres. Il ne marchait pas, il volait. Il arrivait lentement, scrutant tous les visages de l'assemblée, visiblement heureux puis se posta sur l'estrade, souriant aux professeurs. Sa longue robe de velours noire semblait peser lourd sur ses frêles épaules mais il n'avait pas l'air d'en avoir conscience. Soudain, une voix froide et rocailleuse commença à parler avec de légers toussotements :
            - Bienvenue à tous.  Vous devez tous savoir ce que vous faites ici. Vos instructeurs ont dû vous expliquer les raisons de votre venue et vous avez tous lu le Règlement de l'Académie, si je ne m'abuse.
            - Moi, je ne l'ai pas lu, gloussa une fille près de moi.
            - Mademoiselle Lerrois a une remarque, je crois?demanda la voix.
            - Euh...non, pas du tout, répondit la fille, embarrassée et ne sachant où regarder.
            - Très bien, je poursuis, alors. Voici Madame Rustick, en vert, votre professeur d'études de la végétation et de sciences. Ensuite, nous avons Monsieur Citrus, en bleu, votre professeur d'études aux forces de l'esprit, Madame Glautt, en violet, votre professeur d'histoire des esprits, Madame Frenchstein, en gris, votre professeur d'allemand, Madame Latium, en rose, votre professeur de latin et enfin Monsieur Egnarte, en rouge, votre professeur de matières générales. Avez-vous des questions avant la Cérémonie de Répartition des chambres ?
            Une seule main se leva, tout au fond du hall. Je n'arrivais pas à voir à quoi ressemblait cette personne à cause de la foule trop dense mais je reconnus la voix d'une fille.
            - Est-ce que Madame Teens fera partie de nos professeurs ?
            - Est-ce que vous l'avez entendu, mademoiselle Perkins ?
            - Non.
            - Alors vous connaissez la réponse. Bien, je vais laisser place à Steve, votre instructeur principal.
            - Bonjour à tous et bienvenue à vous, commença Steve en cherchant quelqu'un du regard parmi l'assemblée. J'ai l'honneur de présider la Cérémonie de la Répartition pour la sixième fois consécutive. Dans l'aile des filles, pour la chambre numéro une, j'appelle Clara Perkins et Melissa Stick.
            De filles, dont celle qui avait fait la demande de Madame Teens, se levèrent avec mille et unes manières et avancèrent vers l'estrade. Crispé, Steve leur remis un médaillon de cuivre, avec un pendentif représentant leurs initiales. Clara et Melissa, qui devaient êtres des meilleurs amies, se sourirent et partirent joyeusement vers la cafétéria. Au bout de la chambre numéro treize, Steve sourit et annonça d'une voix solennelle :
            - Je nomme pour la chambre numéro treize, Amy Williams et Brianna Lewis.
            Je me levai de ma chaise et me dirigeai vers l'estrade. Comme ma colocataire ne venait pas, Steve répéta son nom une deuxième fois. Personne ne bougea. Agacé, Steve déclara que l'élève devrait prendre la chambre restante et annonça que j'aurai une chambre pour moi toute seule. Quelques cris de protestations fusèrent dans l'assemblée. C'était génial, je m'étais fait des ennemis dès le premier jour. Steve me remit le médaillon et m'ordonna d'aller directement dans ma chambre. En marchant vers l'escalier central, j'eus l'impression que quelqu'un me regardait. Inquiète, je pressai le pas et ne tardai pas à arriver devant ma chambre. À ma grande surprise, je constatai que la porte était verrouillée. En réfléchissant un peu, je compris rapidement que le médaillon que m'avait remis Steve était la clé de la chambre.
            Dès que la porte s'ouvrit, une forte lumière blanche puissant me força à plisser les yeux et mettre mes mains en visière. Soudain, tout sembla redevenir normal et je pus entrer tranquillement dans ma chambre. Celle-ci était aussi grande que ma dernière chambre et était décorée de façon ancienne, avec un lustre pour éclairer la pièce. Un grand lit baldaquin aux rideaux de velours noir était installé contre le mur. En face, une armoire en bois servait en même temps de support pour une longue affiche stipulant le Règlement Intérieur et Extérieur de l'Académie. Un magnifique bureau avait été placé près de l'entrée, comportant plusieurs tiroirs dont un de couleur différent. Curieuse comme je suis, je ne pus m'empêcher d'ouvrir chaque tiroir, et, à ma grande déception, je ne découvris que des livres, des manuels, des cahiers et un bloc de feuilles à dessin. J'ouvris également mon armoire et ne fus pas surprise d'y voir mon uniforme, parfaitement repassé, ainsi que ma paire de ballerines vernies. Il y avait aussi deux jeans, quelques uns de mes pulls ; qui, je ne sais comment, s'étaient retrouvés ici ainsi qu'une paire de bottes et de tennis. Alors que je m'apprêtai à explorer les tiroirs du lit, quelqu'un frappa à la porte.
            - Bonjour, dis-je à Clara, la tête dans l'embrasure de la porte.
            - Salut. C'est pour te dire que tu dois descendre en salle de préparation pour le costume de demain soir. En fait, toutes les Premières Années ont été appelées, mais comme tu ne venais pas, j'ai dû venir te chercher.
            - Ah, OK, j'avais pas entendu. Il faut mettre son uniforme ?
            - Non, tu viens en pyjama, ironisa Clara en levant les yeux aux ciel.
            - Bon, d'accord. J'arrive.
            - Je dois t'attendre. Tu comptes me laisser dehors ?
            - Non, vas-y, entre...
            En ouvrant la porte de ma chambre pour permettre à Clara d'entrer, j'entendis un grattement provenant du sol. Clara, inquiète, recula et palpa son médaillon en murmurant des incantations étranges. Comme je ne réagissais pas, Clara sortit de la chambre, les yeux exorbités et me demanda de la suivre. Peu de temps après, le directeur de l'Académie arriva et prit un air désolé.
            Ce qu'il dit me bouleversa.
Kaltoum




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